DEUX VOYAGEURS AU BOUT DU MONDE

Ce sont deux Italiens de la région de Venise au 13e siècle. L'un après l'autre, ils sont partis explorer l'Asie, la Chine et d'autres pays dans les mers lointaines. Le premier, Marco Polo, pour l'amour du commerce, le second, Odoric de Pordenone, pour l'amour de Dieu. Les Éditions Moleiro publient dans le même coffret, en édition quasi-originale, les récits respectifs de ces aventuriers extraordinaires. Voici huit siècles, dans toute sa noblesse, la pensée moderne de l'international planétaire était déjà aux portes de notre civilisation occidentale, dans toute son intelligence.

À LA RENCONTRE DES MONGOLS

Marco Polo, son père et son oncle vont partir à la conquête de ce rêve bel et bien réel de la Route de la soie qui s'engouffrait dans le redoutable empire mongol belliqueux. Ils vont réussir à négocier de fructueux contrats commerciaux. Le voyage de Marco Polo allait durer 24 ans, de 1271 à 1295. Ils passeront par l'Arménie, la Perse, le territoire des Tartares de l'Inde, ils iront en Chine, et plus loin, par les mers, jusqu'à Bornéo et l'Indochine qui semblent elles aussi contrôlées par le grand Khan, le fameux Koubilaï. Les marchands vénitiens seront reçus par Koubilaï. Ils sympathiseront avec lui. Il repèrera la très grande intelligence de Marco Polo. Il en fera une sorte de ministre itinérant chargé de l'aider à l'administration de son immense empire. Ce redoutable guerrier asiatique venait de piller la Hongrie, il occupait toujours une partie de l'Europe de l'Est. Il tenait tête aux mondes arabe et musulman.

 

Sur bien des points, l'Empire mongol était en avance sur l'Occident. À l'intérieur de ses frontières, au coeur de ses villes, il semble régner un ordre, une liberté d'agir, d'entreprendre qui n'est pas du tout contradictoire avec la violence de ses guerriers en phase de conquête. Mais quelle est la guerre qui n'est pas cruelle dans sa réalité pratique ? En tout cas, rien ne semble choquer nos voyageurs européens tout au long de leur périple. Il en sera de même pour le moine franciscain Odoric de Pordenone.

 

Tout au long de ses mémoires de voyage, Marco Polo restera très discret sur la nature de ses négociations. Il donne des indications sur les régions et les populations visitées, mais aucune clé sur la mise en place de ses réseaux de communication. Il garde en fait tous ses secrets. Il ne raconte que ce qui ne lui coûte rien. On sait seulement que cette longue et lointaine expédition de 24 ans allait être couronnée de succès. La famille de Marco Polo reviendra avec d'immenses richesses en marchandises de toutes sortes, étoffes, pierres précieuses... ainsi que des accords d'exclusivité pour l'importation de produits venus d'Extrême-Orient.

Le Livre des merveilles du monde, Marco Polo et Odoric de Pordenone
© Éditions Moleiro

LES VIEILLES ROUTES DU COMMERCE

Durant le Moyen-âge, des centaines de Chrétiens sont allés en Chine. Bien avant Marco Polo. Ils étaient commerçants, prédicateurs, religieux, voyageurs simplement curieux... aventuriers de toute sorte, à la quête de l'émotion infinie de la découverte ou de savoirs à rencontrer.

 

Depuis combien de temps existent les routes commerciales de l'international ? On ne connaît pas la date d'aménagement de la Route de la soie et des épices. On s'accorde à la juger vieille d'au moins 25 siècles. Au temps des Césars, on importait déjà de magnifiques tissus de Chine pour fabriquer les robes des riches romaines qui ne pouvaient se passer de ces jolis tissus, tout autant que les Romains ne pouvaient se passer d'épices et de poivres que l'on faisait venir du fin fond de l'Orient. On savait déjà que l'Inde et la Chine, mystérieuses régions d'Orient, existaient ... On savait depuis la nuit des temps qu'il existait d'autres grandes civilisations. Des voyageurs et géographes de l'Antiquité tels Ptolémée ou Hérodote ont écrit des livres de géographie, ils ont établi de remarquables cartes, en s'aidant souvent de cartes plus anciennes dont on ignore la provenance... Depuis la chute de Rome, les commerçants et voyageurs, qui allaient au bout du monde connu, là où se levait le soleil, étaient des spéculateurs, des chefs d'entreprises hors du commun, mais ils n'avaient en revanche pas grand-chose du fin lettré aimant relater sa vie. Le profit était là, tout au long de ces routes asiatiques. Marco Polo était dans cette lignée de l'esprit commercial. Mais il a publié ses récits un peu par hasard...

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