« Ceste hystoire desus si est : Coment Pylate lava ses mains devant le pueple [et] dist ie sui innocent dou sanc de cestui home iust. Ensi que saint Mathieu le dist en son evangile u vinteseptime capitle. Et ceste hystoire de ius si est : Coment notre Seignour Ihesu Crist portant sa crois fu mené crucifier. Ensi que saint Jehan le dist en son evangile u disenuevime capitle »
Une double paraphrase sous-titre cette page peinte, puisant ses éléments narratifs à deux Evangiles différents. La ville-forteresse de Jérusalem permet de combiner les deux moments du récit en deux registres naturellement superposés dans l’image. En haut de la citadelle dont un des murs d’enceinte part à l’oblique afin de dessiner une perspective artificielle, maisons et bâtiments publics, vus de face, s’ouvrent comme des niches habitées de figures humaines génériques : le peuple de Jérusalem est signifié par trois jeunes gens et un vieillard qui se penchent au dessus des remparts pour regarder le Christ sortir de la ville en direction du Golgotha. L’homme représente la foule que Pilate a prise à témoin lorsqu’elle l’a obligé à livrer Jésus, en engageant du même coup la responsabilité des enfants d’Israël : « Je suis innocent de ce sang. C’est votre affaire ! » Tout le peuple répondit : « Nous prenons son sang sur nous et sur nos enfants ! » (Mt 27, 24-25). Plus à droite, Pilate se lave les mains de ce terrible forfait en les passant sous l’eau qui coule d’une cruche d’argent. Le serviteur recueille le liquide dans un plat, serviette à l’épaule pour permettre ensuite à son maître de s’essuyer. Entre eux deux un second vieillard – sans doute un dignitaire du Temple – assiste aux ablutions du gouverneur romain.
Au registre inférieur, la Vierge Marie éplorée franchit la porte de la cité avec l’une des fidèles compagnes du Christ. Derrière son nimbe et le voile rouge de sa suivante, trois taches blanches révèlent que les couleurs qui devaient être posées sur l’enduit de préparation pour figurer des têtes à l’arrière-plan n’ont pas été appliquées. Marie voudrait s’approcher de son Fils qui la regarde dans les yeux mais un des gardes la repousse avec son grand bouclier rouge et la Vierge écarte les bras en signe d’impuissance. Portant lui-même sa croix, Jésus est emmené vers le Calvaire avec deux autres prisonniers qui marchent à ses côtés. Le chef de cohorte avance devant en tenant dans sa dextre l’extrémité d’un cordon passé autour du cou du Messie. Quelqu’un a pénétré les rangs de la soldatesque casquée qui entoure les prisonniers : il doit s’agir de Simon, l’homme de Cyrène dont parlent Matthieu (Mt 27, 32), Marc (Mc 15, 21) et Luc (Lc 23, 26), qui aida Jésus à porter l’instrument de son supplice.
« Ceste hystoire desus si est : Coment Pylate lava ses mains devant le pueple [et] dist ie sui innocent dou sanc de cestui home iust. Ensi que saint Mathieu le dist en son evangile u vinteseptime capitle. Et ceste hystoire de ius si est : Coment notre Seignour Ihesu Crist portant sa crois fu mené crucifier. Ensi que saint Jehan le dist en son evangile u disenuevime capitle »
Une double paraphrase sous-titre cette page peinte, puisant ses éléments narratifs à deux Evangiles différents. La ville-forteresse de Jérusalem permet de combiner les deux moments du récit en deux registres naturellement superposés dans l’image. En haut de la citadelle dont un des murs d’enceinte part à l’oblique afin de dessiner une perspective artificielle, maisons et bâtiments publics, vus de face, s’ouvrent comme des niches habitées de figures humaines génériques : le peuple de Jérusalem est signifié par trois jeunes gens et un vieillard qui se penchent au dessus des remparts pour regarder le Christ sortir de la ville en direction du Golgotha. L’homme représente la foule que Pilate a prise à témoin lorsqu’elle l’a obligé à livrer Jésus, en engageant du même coup la responsabilité des enfants d’Israël : « Je suis innocent de ce sang. C’est votre affaire ! » Tout le peuple répondit : « Nous prenons son sang sur nous et sur nos enfants ! » (Mt 27, 24-25). Plus à droite, Pilate se lave les mains de ce terrible forfait en les passant sous l’eau qui coule d’une cruche d’argent. Le serviteur recueille le liquide dans un plat, serviette à l’épaule pour permettre ensuite à son maître de s’essuyer. Entre eux deux un second vieillard – sans doute un dignitaire du Temple – assiste aux ablutions du gouverneur romain.
Au registre inférieur, la Vierge Marie éplorée franchit la porte de la cité avec l’une des fidèles compagnes du Christ. Derrière son nimbe et le voile rouge de sa suivante, trois taches blanches révèlent que les couleurs qui devaient être posées sur l’enduit de préparation pour figurer des têtes à l’arrière-plan n’ont pas été appliquées. Marie voudrait s’approcher de son Fils qui la regarde dans les yeux mais un des gardes la repousse avec son grand bouclier rouge et la Vierge écarte les bras en signe d’impuissance. Portant lui-même sa croix, Jésus est emmené vers le Calvaire avec deux autres prisonniers qui marchent à ses côtés. Le chef de cohorte avance devant en tenant dans sa dextre l’extrémité d’un cordon passé autour du cou du Messie. Quelqu’un a pénétré les rangs de la soldatesque casquée qui entoure les prisonniers : il doit s’agir de Simon, l’homme de Cyrène dont parlent Matthieu (Mt 27, 32), Marc (Mc 15, 21) et Luc (Lc 23, 26), qui aida Jésus à porter l’instrument de son supplice.