Le peintre a choisi de rendre visuellement ces sauterelles cuirassées de fer, dont les ailes, selon l’Apocalypse, bruissent comme des chars de guerre lancés au combat, par une cohorte de cavaliers en armure que mène un prince laïque coiffé d’un chapeau à bec (tels les fauconniers à la chasse) et portant une gigantesque lance. Incarnation du destin en marche, il semble être une sorte de double métaphorique du roi à l’épée qui le suit avec sa troupe: il s’agit de l’ange de l’abîme, Abbadon, dont le nom signifie la perdition et qu’on trouve parfois employé pour désigner l’Enfer. Cette même idée de destruction se retrouve dans l’étymologie d’Apollion, donné comme équivalent grec du vocable hébreux, et dont la consonance évoque de surcroît Apollon, divinité ambiguë comparable à un Lucifer hellène. Le texte insiste encore en ajoutant que ce roi couronné, qui s’avance en tête d’une horde de soldats remontée tout droit des profondeurs de la terre, porte en langue romane le nom de gastans, synonyme de dégât et de dévastation. La page est fortement structurée par une double arcature décorative qui la scinde dans le sens de la hauteur : à gauche les soldats armés de lances et de hallebardes se détachent en orange sur un fond ouvré bleu nuit, prêts à ravager le monde sous la gouverne de ce mystérieux guide qui, dans la partie droite, symbolise sur fond d’or l’irrévocabilité de la colère divine.
Marie-Thérèse Gousset et Marianne Besseyre
Centre de Recherche sur les Manuscrits Enluminés, BnF
(Extrait du volumen de commentaires Apocalypse 1313)
Le peintre a choisi de rendre visuellement ces sauterelles cuirassées de fer, dont les ailes, selon l’Apocalypse, bruissent comme des chars de guerre lancés au combat, par une cohorte de cavaliers en armure que mène un prince laïque coiffé d’un chapeau à bec (tels les fauconniers à la chasse) et portant une gigantesque lance. Incarnation du destin en marche, il semble être une sorte de double métaphorique du roi à l’épée qui le suit avec sa troupe: il s’agit de l’ange de l’abîme, Abbadon, dont le nom signifie la perdition et qu’on trouve parfois employé pour désigner l’Enfer. Cette même idée de destruction se retrouve dans l’étymologie d’Apollion, donné comme équivalent grec du vocable hébreux, et dont la consonance évoque de surcroît Apollon, divinité ambiguë comparable à un Lucifer hellène. Le texte insiste encore en ajoutant que ce roi couronné, qui s’avance en tête d’une horde de soldats remontée tout droit des profondeurs de la terre, porte en langue romane le nom de gastans, synonyme de dégât et de dévastation. La page est fortement structurée par une double arcature décorative qui la scinde dans le sens de la hauteur : à gauche les soldats armés de lances et de hallebardes se détachent en orange sur un fond ouvré bleu nuit, prêts à ravager le monde sous la gouverne de ce mystérieux guide qui, dans la partie droite, symbolise sur fond d’or l’irrévocabilité de la colère divine.
Marie-Thérèse Gousset et Marianne Besseyre
Centre de Recherche sur les Manuscrits Enluminés, BnF
(Extrait du volumen de commentaires Apocalypse 1313)