Frères de Limbourg
La Nativité est représentée sous la forme de l'Adoration de l'Enfant, thème librement adapté d'une vision que Sainte Brigitte de Suède eut à Bethléem en 1372: « La Vierge s'agenouilla avec un grand respect et se mit à prier... et soudain, en un clin d'oeil, elle enfanta son Fils, lequel projetait une lumière si grande, si merveilleuse que l'éclat du soleil ne peut lui être comparé... J'aperçus le glorieux Enfant à terre, tout brillant, tout rayonnant... Lorsque la Vierge eut conscience de sa délivrance, elle baissa la tête, joignit les mains et, adorant l'Enfant avec un très profond respect, elle lui dit: ‘Soyez le bienvenu, mon Dieu, mon Seigneur et mon Fils’ ». Cette représentation touchante de la naissance du Christ comme une épiphanie de lumière divine rehaussée par les anges qui l'entourent, est aussi une théophanie trinitaire puisque Père et Fils sont reliés par des rayons lumineux sur lesquels glisse la colombe, symboles de l'Esprit Saint. Dieu le Père, portant une couronne impériale fermée, tenant le globe crucifère et bénissant sa droite, apparaît en effet dans la lunette, dans une orbe faite de séraphins et chérubins d'où fusent des rayons d'or de toutes parts. Une statue d'or de Mars à l'arrière-plan, juchée sur un piédestal, en est presque occultée, signe que le vieux monde païen est supplanté par l'ère du Christ. Joseph, le « respectable vieillard » de la vision, dans son rôle de père nourricier, fait pendant à la Vierge et manifeste sa surprise. Les bergers, prévenus par un ange sur la droite, convergent déjà vers la modeste étable ouverte aux quatre vents, où, derrière le plessis d'osier tressé, l'âne et le boeuf ne montrent d'attention que pour le foin de la mangeoire. Un chœur d'anges perchés sur le toit entonne des « chants angéliques » et, au loin, se devinnent les tours de Bethléem.
