La dix-huitième miniature du Splendor Solis, septième et dernière de la série des planètes, présente la déesse planétaire Luna, assise dans son char d’or à un seul essieu que tirent deux jeunes filles en rouge et or. Elle tient son attribut, un grand croissant de lune doté d’un visage, le côté concave tourné vers le haut. Sur la terre, dans un cadre idyllique quasi arcadien, vivent les enfants de la planète, en harmonie avec la nature qu’ils ont domestiquée.
Un autre croissant de lune avec un visage se trouve sur le fond du flacon à l’intérieur de la niche, au centre de l’image. Le côté convexe, cette fois, tourné vers le haut, ce croissant de lune sert de piédestal semi-circulaire au jeune roi aux habits de deux rouges différents : la combinaison de sa courte tunique d’un rouge carmin, et ses bottes de la même couleur, avec un manteau pourpre est d’une extrême subtilité. Inhabituelle pour notre regard d’aujourd’hui, cette combinaison de couleurs rappelle une sensibilité relevant du gothique et se trouve surtout sur des tableaux de Rogier van der Weyden et Hugo van der Goes. La coexistence de rouges différents est le signe d’une supériorité que l’on trouve encore chez Albrecht Dürer et ses contemporains. Cette couleur est de mise pour ce jeune monarque entouré d’une éclatante aura d’or et qui porte les insignes de son pouvoir : le sceptre dans la main droite et la pomme dans la main gauche, la couronne sur la tête.
Il émane de cette miniature, qui représente le stade supérieur de la transmutation alchimique, une atmosphère idyllique, voire paradisiaque. C’est un Âge d’or que promet la lumineuse composition de la miniature et l’abondance d’or, que complète la distinction qui résulte de la combinaison des deux rouges liée à cette époque. C’est à ces deux tons de rouge que se réfère aussi l’inscription du cartouche de couleur du manuscrit de Nuremberg : « Jam mors consumata et filius noster regnat rubram […] toga’ et chermes indutus est » (Déjà la mort est surmontée et notre fils règne, habillé d’une toge rouge et carmin). Le motif du roi rouge dans le vas hermeticum se rapporte à l’illustration précédente de la reine blanche dans le flacon et reprend aussi une miniature du Donum Dei. Le rouge, couleur éponyme, représente aussi la phase alchimique de la rubedo, qui est associée à la production d’or.
Jörg Völlnagel
(Historien d’art, chercheur aux Staatliche Museen de Berlin)
La dix-huitième miniature du Splendor Solis, septième et dernière de la série des planètes, présente la déesse planétaire Luna, assise dans son char d’or à un seul essieu que tirent deux jeunes filles en rouge et or. Elle tient son attribut, un grand croissant de lune doté d’un visage, le côté concave tourné vers le haut. Sur la terre, dans un cadre idyllique quasi arcadien, vivent les enfants de la planète, en harmonie avec la nature qu’ils ont domestiquée.
Un autre croissant de lune avec un visage se trouve sur le fond du flacon à l’intérieur de la niche, au centre de l’image. Le côté convexe, cette fois, tourné vers le haut, ce croissant de lune sert de piédestal semi-circulaire au jeune roi aux habits de deux rouges différents : la combinaison de sa courte tunique d’un rouge carmin, et ses bottes de la même couleur, avec un manteau pourpre est d’une extrême subtilité. Inhabituelle pour notre regard d’aujourd’hui, cette combinaison de couleurs rappelle une sensibilité relevant du gothique et se trouve surtout sur des tableaux de Rogier van der Weyden et Hugo van der Goes. La coexistence de rouges différents est le signe d’une supériorité que l’on trouve encore chez Albrecht Dürer et ses contemporains. Cette couleur est de mise pour ce jeune monarque entouré d’une éclatante aura d’or et qui porte les insignes de son pouvoir : le sceptre dans la main droite et la pomme dans la main gauche, la couronne sur la tête.
Il émane de cette miniature, qui représente le stade supérieur de la transmutation alchimique, une atmosphère idyllique, voire paradisiaque. C’est un Âge d’or que promet la lumineuse composition de la miniature et l’abondance d’or, que complète la distinction qui résulte de la combinaison des deux rouges liée à cette époque. C’est à ces deux tons de rouge que se réfère aussi l’inscription du cartouche de couleur du manuscrit de Nuremberg : « Jam mors consumata et filius noster regnat rubram […] toga’ et chermes indutus est » (Déjà la mort est surmontée et notre fils règne, habillé d’une toge rouge et carmin). Le motif du roi rouge dans le vas hermeticum se rapporte à l’illustration précédente de la reine blanche dans le flacon et reprend aussi une miniature du Donum Dei. Le rouge, couleur éponyme, représente aussi la phase alchimique de la rubedo, qui est associée à la production d’or.
Jörg Völlnagel
(Historien d’art, chercheur aux Staatliche Museen de Berlin)