Frères de Limbourg
La lunette qui prolonge certaines des pleines pages des Limbourg est ici décentrée vers la gauche pour mettre en valeur l'étoile qui signale l'Epiphanie, au droit de l'étable de la Nativité. Tout autour, dans un ciel aux nuages d'argent filés, les chœurs angéliques en habits d'or, partitions en main, entonnent le Gloria, avec un accompagnement instrumental à l'orgue portatif, chalemies et luth. Les rayons stellaires transpercent le toit de chaume usé de l'étable pour atteindre la Vierge dont l'auréole luit de sa propre lumière. Drapée dans son manteau d'azur, assise sur un « tapis sarrazinois » à fond vert et lisière rouge, elle présente son Fils nu à la vénération des visiteurs. Derrière elle, les deux sages-femmes auréolées, Zébel et Salomé, attestent de la virginité de Marie. La seconde, qui s'était d'abord montrée incrédule, tient encore sa main droite desséchée puis miraculeusement guérie (Légende dorée, chap. 6). Sous les étendards réunis, vert, rouge et jaune, se retrouve une foule exotique d'hommes enturbannés (dont deux à peau noire), chameaux, chevaux, et les guépards colletés de rouge qui se pourlèchent, déjà aperçus dans la Rencontre des trois rois (fol. 51v). Les mages sont vêtis comme précédemment. Melchior, agenouillé, embrasse le pied de l'Enfant Jésus, qu'il touche comme s'il s'agissait d'un relique, la main envelopée dans son écharpe, et reçoit sa bénédiction. Balthazar se prosterne. Et Gaspard à genoux, sa tunique noire ici semée de feuilles de mai — une devise du roi Charles VI, — présente le pot d'orfèvrerie à couvercle, qui contient son offrande de myrrhe. Celle de Balthazar, de l'encens dans une cassolette d'or à col droit, est portée par un serviteur derrière lui, tandis que le vase en forme de corne à boire qui renferme l'or offert par Melchior est déjà entre les mains de saint Joseph.