Ce folio, qui introduit l'office de la Résurrection et interrompt la séquence des Suffrages des saints et des saintes, renoue avec le style qui est celui des 108 premiers folios, interrompu durant les deux folios précédents. L'interprétation de ses deux miniatures, une fois n'est pas coutume, saute aux yeux.
En haut la Sortie du tombeau au matin de Pâques, alors qu'il fait encore nuit. Les gardiens sont plongés dans le sommeil. Deux séraphins planent au-dessus du Ressuscité environné d'une mandorle lumineuse. Il est en train de s'extraire du tombeau ouvert et d'en sortir du côté où il n'y a pas de soldats somnolents, tout en se retournant vers eux. Il tient une croix de la gauche et bénit de la droite, tandis qu'un pan de son manteau bleu doté d'un bel ourlet brodé semble s'envoler vers le spectateur et les deux soldats ; celui de gauche, casqué, est écroulé au pied du tombeau contre son bouclier rouge. Un troisième soldat en armure, tenant une hallebarde, se trouve de l'autre côté du tombeau ouvert, dont on se demande où le couvercle est passé. Les mains et les bras du Ressuscité saignent abondamment, comme sa plaie au côté. Il a encore sa couronne d'épines, dirait-on. Au loin se profile la ville de Jérusalem.
En bas, la descente du Sauveur, environné de lumière, aux enfers. Torse nu, il marche d'un pas décidé et victorieux vers la gueule énorme et grande ouverte de l'Hadès, hérissée de dents pointues en bas comme en haut, crachant des flammes, et abritant une foule de défunts qui tous sont nus et tous se tournent vers le Sauveur. De la croix qu'il tient en main, il affirme la victoire de la vie sur la mort ; et de son bras gauche, il rejoint le bras tendu d'un homme flanqué d'une femme, sans doute s'agit-il d'Adam et d'Ève, souvent placés dans l'iconographie de ce sujet en tête du groupe des âmes attendant le salut, avec derrière eux une foule de défunts prisonniers que le Christ va extraire de l'Hadès, ainsi que tous ceux qui aspirent à la libération et à la vie éternelle. Dans la gueule de l'enfer, le Démon, Satan en personne, montrant les dents et crachant le feu, se détourne prudemment, et bat en retraite.