« L’arum, que les Syriens appellent lupha, a les feuilles comme celles de la serpentaire, mais plus longues et moins bigarrées ; il a une hampe rougeâtre longue d’un empan, comme un pilon, dans laquelle pousse la graine qui a la couleur du safran. Sa racine est blanche comme celle de la serpentaire, mais sa saveur est moins forte, c’est pourquoi on l’utilise en cuisine, comme ses feuilles, assaisonnées de sel. Ses feuilles sèches se mangent aussi, cuites seules. Sa racine, sa graine et ses feuilles ont les mêmes vertus que celles de la serpentaire. La racine, appliquée sous forme d’emplâtre avec de la bouse de vache, soigne en particulier la goutte. Elle se conserve de la même manière que la racine de la serpentaire et, comme elle a une saveur moins forte que cette dernière, elle est davantage utilisée en cuisine » (f. 52v).
Cette plante croît dans des lieux frais, très souvent altérés par l’homme, et des forêts riveraines en Italie, en Espagne, en France, en Grande-Bretagne, en région méditerranéenne et en Asie de l’Ouest. Ses parties vertes contiennent un alcaloïde, un glucoside et des saponines. En phytothérapie populaire on l’a utilisée comme cicatrisant, pour soigner les brûlures, comme purgatif et pour les refroidissements. Ses râpures appliquées sur les durillons des pieds les ramollissent. Anciennement, on utilisait l’amidon que l’on obtenait de son tubercule rhizomateux pour le linge.
Ramón Morales Valverde
Real Jardín Botánico de Madrid
(Extrait du volume de commentaires du Dioscoride de Cibo et Mattioli)
