Splendor Solis

f. 21v, La Décoction


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Le premier plan à gauche de l’image est occupé par un fourneau en maçonnerie crépie dans lequel est encastrée une cuve à la couleur cuivrée. Dans ce chaudron rempli à ras-bord, un homme d’un certain âge est assis dans l’eau qui lui monte jusqu’à la poitrine. Perchée sur la tête de l’homme aux longs cheveux noirs et à la longue barbe, une grande colombe blanche au plumage d’or étincelant ; les ailes levées, elle semble prête à s’envoler. Devant le fourneau, un jeune homme, un genou à terre, actionne un soufflet afin d’attiser le feu et de maintenir le liquide à la bonne température. Les vêtements du jeune homme – de fines chausses bleues et un pourpoint rouge-orangé avec, par-dessus, un gilet noir bordé d’argent complété par un tablier blanc – suggèrent qu’il est bien plus qu’un serviteur qui s’occupe simplement d’entretenir le feu. Le coude gauche appuyé sur la jambe gauche, le regard fasciné et dirigé vers le vieillard, le jeune homme semble vouloir repérer toute modification qui se produirait dans le chaudron. A l’arrière-plan, le peintre embellit la scène d’une somptueuse architecture vénitienne de fantaisie.

Se référant implicitement à Ovide, le Splendor Solis évoque ici l’histoire d’un vieux sage qui, pour se régénérer, se laisse démembrer et soumettre à une décoction. Après cette opération, il pense que ses membres se réuniront et qu’il en sortira rajeuni et fortifié. L’alchimie considère que la décoction est l’équivalent de l’opération de putréfaction, qui représente le point de départ du processus de perfectionnement. La colombe perchée sur la tête du vieil homme doit être interprétée comme une image de la sublimation, le distillat fugace de la décoction qui, après le processus de putréfaction, s’unit à nouveau avec le résidu physique dans le flacon. À l’entrée « Colombe », Pernety confirme lui aussi dans son Dictionnaire mytho-hermétique cette association, et il signale de plus que le souffleur qui actionne le soufflet a pour tâche de veiller à la réussite de l’œuvre alchimique.

La description de la décoction est inspirée par deux miniatures de l’Aurora Consurgens – le sage dans le chaudron sur la 15e image et le souffleur, le genou à terre, sur la 13e. En incorporant le motif du sculpteur Pygmalion sur le haut socle à droite de l’image, le peintre ajoute un autre épisode des Métamorphoses d’Ovide. Il s’agit d’une allusion à la création d’un homme nouveau, idéal – un thème mythologique qui s’accorde très bien avec les idées de l’alchimie.

Jörg Völlnagel 
(Historien d’art, chercheur aux Staatliche Museen de Berlin)


f. 21v, Cocción

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f. 21v, La Décoction

Le premier plan à gauche de l’image est occupé par un fourneau en maçonnerie crépie dans lequel est encastrée une cuve à la couleur cuivrée. Dans ce chaudron rempli à ras-bord, un homme d’un certain âge est assis dans l’eau qui lui monte jusqu’à la poitrine. Perchée sur la tête de l’homme aux longs cheveux noirs et à la longue barbe, une grande colombe blanche au plumage d’or étincelant ; les ailes levées, elle semble prête à s’envoler. Devant le fourneau, un jeune homme, un genou à terre, actionne un soufflet afin d’attiser le feu et de maintenir le liquide à la bonne température. Les vêtements du jeune homme – de fines chausses bleues et un pourpoint rouge-orangé avec, par-dessus, un gilet noir bordé d’argent complété par un tablier blanc – suggèrent qu’il est bien plus qu’un serviteur qui s’occupe simplement d’entretenir le feu. Le coude gauche appuyé sur la jambe gauche, le regard fasciné et dirigé vers le vieillard, le jeune homme semble vouloir repérer toute modification qui se produirait dans le chaudron. A l’arrière-plan, le peintre embellit la scène d’une somptueuse architecture vénitienne de fantaisie.

Se référant implicitement à Ovide, le Splendor Solis évoque ici l’histoire d’un vieux sage qui, pour se régénérer, se laisse démembrer et soumettre à une décoction. Après cette opération, il pense que ses membres se réuniront et qu’il en sortira rajeuni et fortifié. L’alchimie considère que la décoction est l’équivalent de l’opération de putréfaction, qui représente le point de départ du processus de perfectionnement. La colombe perchée sur la tête du vieil homme doit être interprétée comme une image de la sublimation, le distillat fugace de la décoction qui, après le processus de putréfaction, s’unit à nouveau avec le résidu physique dans le flacon. À l’entrée « Colombe », Pernety confirme lui aussi dans son Dictionnaire mytho-hermétique cette association, et il signale de plus que le souffleur qui actionne le soufflet a pour tâche de veiller à la réussite de l’œuvre alchimique.

La description de la décoction est inspirée par deux miniatures de l’Aurora Consurgens – le sage dans le chaudron sur la 15e image et le souffleur, le genou à terre, sur la 13e. En incorporant le motif du sculpteur Pygmalion sur le haut socle à droite de l’image, le peintre ajoute un autre épisode des Métamorphoses d’Ovide. Il s’agit d’une allusion à la création d’un homme nouveau, idéal – un thème mythologique qui s’accorde très bien avec les idées de l’alchimie.

Jörg Völlnagel 
(Historien d’art, chercheur aux Staatliche Museen de Berlin)


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