Puis garde-toi de publier
Ce qu'il faut taire et oublier;
C'est lâcheté que de médire.
Que toujours ton âme s'inspire
Du sénéchal Keux, dont le fiel
Fit un sot méchant et cruel.
Vois Gauvain, son âme loyale
Et courtoise était sans rivale,
Tandis qu'était honni ce Keux,
Parmi tous ces chevaliers preux,
Pour sa langue vile et méchante
Et querelleuse, et médisante.
Surtout sois raisonnable et doux,
Sage et gracieux envers tous,
Grands et petits; et par la rue,
Pour souhaiter la bienvenue,
Garde-toi d'être le dernier;
Et si quelqu'un tout le premier
A ta rencontre te salue,
Jamais ta langue irrésolue
Ne doit un seul instant rester
Sans salut rendre et s'acquitter.
Roman de la Rose, v. 2175-2196
(Éd. et trad. de Pierre Marteau)
Puis garde-toi de publier
Ce qu'il faut taire et oublier;
C'est lâcheté que de médire.
Que toujours ton âme s'inspire
Du sénéchal Keux, dont le fiel
Fit un sot méchant et cruel.
Vois Gauvain, son âme loyale
Et courtoise était sans rivale,
Tandis qu'était honni ce Keux,
Parmi tous ces chevaliers preux,
Pour sa langue vile et méchante
Et querelleuse, et médisante.
Surtout sois raisonnable et doux,
Sage et gracieux envers tous,
Grands et petits; et par la rue,
Pour souhaiter la bienvenue,
Garde-toi d'être le dernier;
Et si quelqu'un tout le premier
A ta rencontre te salue,
Jamais ta langue irrésolue
Ne doit un seul instant rester
Sans salut rendre et s'acquitter.
Roman de la Rose, v. 2175-2196
(Éd. et trad. de Pierre Marteau)